[Quatre Mâts Développement]

Administration



AFNOR & commerce équitable
3 mai 2005

Depuis la fin des travaux de l’AFNOR (Agence Française de NORmalisation), La plate-forme du commerce équitable, la fédération Artisans du Monde et Max Havelaar France, n’ont cessé d’exercer des pressions incessantes auprès du gouvernement afin d’interdire la publication du fascicule de documentation de l’AFNOR, fruit de 3 ans de travail et de l’engagement de nombreux acteurs sur cette question.

Les représentants de ces organisations prétendent que ce document est un « texte dangereux » qui servira de base au développement d’un commerce équitable au rabais. Or le fait de déboucher au bout de 3 ans sur un fascicule de documentation signifie très clairement qu’il a été impossible de se mettre d’accord sur une norme. Laisser ce fascicule de documentation au fond d’un tiroir, c’est légitimer le lobbying au détriment du débat citoyen. Interdire la publication de ce fascicule ne permet pas aux acteurs de la société civile, y compris ceux de leur propre réseau, de se faire une opinion par eux-mêmes sur la question.

Faute d’avoir obtenu que l’ensemble des participants de la commission « AFNOR » adhérent intégralement à leur point de vue sans que soit posée la question de l’examen de leurs propres pratiques, ces trois organisations n’ont trouvé comme seule issue que de discréditer l’AFNOR et, par là même, l’ensemble des participants à ces travaux.

Il devient donc légitime de s’interroger sur le caractère « non » gouvernemental de ces organisations. Chacun aura apprécié à sa juste valeur le « chantage de la chaise vide » pour obtenir les fonds du ministère de la coopération.

" En se retirant des débats de la commission de normalisation, les trois associations souhaitent " envoyer un message au gouvernement : soyez cohérent ! " explique Victor Ferreira, directeur de Max Havelaar-France. "

Pour mémoire, c’est seulement après avoir obtenu des « assurances » du ministère de la coopération qu’elles ont décidé de participer à nouveau à ces travaux. Non contents de déconsidérer leurs membres en les privant d’un débat sur ces questions, elles montrent bien là à nouveau, tout le respect qu’elles portent aux mécanismes démocratiques et à l’engagement de chacun.

Finalement, tout cela n’est-il pas une surenchère idéologique qui ne viserait qu’à édifier un monopole de certification privé qui permettrait d’intensifier leurs partenariats avec les groupes capitalistiques de la distribution ?
Partenaire de Max Havellaar-France, citons l’entreprise DAGRIS pour l’exemple. Créée en 1949, vestige de l’empire colonial, elle encourage les acteurs économiques à intensifier leurs efforts pour disséminer les OGM dans les productions de coton en Afrique comme moyen de lutter contre la misère.

Extrait de l’article de Gilles Peltier, Président-Directeur général du groupe DAGRIS, intitulé : « Avec les OGM, réduire la fracture agricole mondiale » « Face à ces contraintes, le Groupe intensifie ses efforts dans plusieurs directions : [...]
-  l’amélioration de la qualité de la production et de sa valorisation par la mise au point et la diffusion d’itinéraires techniques innovants, la production et la diffusion de graines de coton délintées, la maîtrise des plans semenciers, une meilleure centralisation des données statistiques. En particulier, l’introduction progressive de variétés de coton génétiquement modifiées, dont les essais ont commencé au Burkina Faso fait l’objet d’un suivi particulièrement attentif ;
-  l’inscription des producteurs et des sociétés cotonnières dans une démarche du commerce équitable de la fibre du coton ; » [...]

Dès lors, on comprend mieux ces manoeuvres qui tentent d’interdire la publication d’un « fascicule de documentation de l’AFNOR » qui exclut d’une filière de commerce équitable les produits génétiquement modifiés.

Saluons tout de même au passage l’aplomb dont fait preuve Max Havelaar pour oser prétendre imposer aux producteurs de coton africains de ne pas utiliser de coton OGM, alors que de son coté il est lui même en affaires avec DAGRIS. Chapeau bas Messieurs !! Belle démonstration de cohérence.

Il n’est pas impossible que l’aile la plus libérale de l’UMP donne gain de cause à ces « champions toutes catégories » de l’altermondialisation pour interdire la publication du fascicule de documentation de l’AFNOR.

Nous invitons toutes celles et ceux qui le souhaitent à réagir dans notre forum. Permettons que ce document soit publié, permettons qu’un débat sur ces questions ait lieu.

Quatre Mâts Développement - Membre et représentant de Minga dans le cadre des travaux de l’AFNOR.

Emmanuel Antoine

Dany Minard

 


 

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Forum

  • > AFNOR & commerce équitable

    15 mai 2005, par Jean-Yves Thomas

    Cet article n’est guère constructif et me rappelle les comportements ringards de ces gens qui critiquent tout mais ne font nullement progresser les choses. j’ai construit, avec des producteurs bios, une filière fruits et légumes qui fonctionne équitablement. Nous avons vécu des moments de tiraillements assez animés mais nous n’avons cessé de progresser puisqu’aujourd’hui nous produisons 3000 tonnes de fruits et légumes bios sans avoir industrialisé la production. Les Biocoops font partie des organisations qui nous ont aidés. Il faut savoir reconnaître le côté positif des actions. Actuellement je cherche ce qui se fait officiellement dans le commerce équitable afin de le pratiquer dans une filière pommes de terre bio c’est pourquoi je visite votre site. C’est démotivant.

    Cordialement.

    J-Yves Thomas.

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    • > AFNOR & commerce équitable

      19 mai 2005, par Quatre Mâts Développement

      Cher Monsieur, Merci de votre contribution et bravo pour votre initiative. Il n’est pas dans nos intentions de nier le caractère « utile » de l’action des acteurs en direction des producteurs du sud. Cependant, il nous semble légitime que le débat sur ces questions ne se laisse pas enfermer uniquement selon cette approche. Au passage nous vous signalons que nous avons bataillé à l’AFNOR, précisément pour que des initiatives telles que la votre puisse se revendiquer d’une démarche de commerce équitable. C’est notamment pour ces raisons que Max Havelaar France et la fédération Artisans du Monde demandent de ne pas publier ces travaux. En d’autres termes, pour eux, vous ne pouvez pas vous réclamer d’un commerce équitable. Par ailleurs sur la question des semences génétiquement modifiées dans la filière coton, nous aurons encore pour quelques temps des difficultés à comprendre le coté positif de cette approche du développement. En effet comment Max H F peut il imposer le non usage des OGM aux producteurs africains et d’un autre coté passer des accords commerciaux avec l’acteur qui assure leur dissémination en Afrique ? Démotivant dites vous ! En ce qui nous concerne, non ! Inquiétant oui !

      Nous vous souhaitons une pleine réussite dans la mise en œuvre de votre filière « pommes de terre bio ».

      Quatre Mâts Développement

      • Méchant Dagris ?

        22 juillet 2005, par Olivier

        Pour le moment, l’Afrique de l’Ouest est pratiquement la seule région cotonnière sans OGM du monde, alors que Dagris y est le principal acteur du secteur depuis 50 ans. Si Dagris était vraiment un promoteur des OGM si actif que vous le prétendez, la situation ne serait sans doute pas celle-là.

        • > Méchant Dagris ?

          25 juillet 2005, par E. Antoine

          La question n’est pas la politique de DAGRIS, entreprise issue de l’héritage coloniale dont vous semblez être nostalgique. La question est que l’organisme de gestion de marque "Max Havellaar France", champion toute catégorie des leçons de morales, ce déclare contre les O.G.M. et a passé un accord avec cette société qui assume publiquement la dissémination des O.G.M au Burkina Faso. Nous ne prétendons rien, prenez le temps de lire le communiquer ayant pour titre « avec les OGM, réduire la fracture agricole mondiale », par Gilles Peltier, président-directeur général du groupe DAGRIS.

      • > AFNOR & commerce équitable

        12 octobre 2005, par Le Morellec Yves

        Monsieur, Pensez vous vraiment que trois ans suffisent à quelques associations, pour convaincre un gouvernement en proie aux multinationales, d’instaurer une norme qui engendrerai des modifications dans les pratiques commerciales de ces dernières.

        Pour ma part, je pense que l’acceptation de ce fascicule plutôt que l’instauration d’une norme est une chance pour les grands groupes, de gagner du temps d’une part et de se faire bien voir aux yeux des consommateurs d’autres part. En outre, dire oui au facsicule est une manière startégique de donner un peu plus de poids aux grands groupes dans ce commerce "équitable" alors si fragile.

        Sachez que l’expression commerce équitable n’est pas déposable, ce qui veut dire que tout le monde peut l’utiliser pour n’importe quel produit, sans qu’il n’y ait aucun contrôle de FLO.

        Il est donc important de dire non au fascicule afin d’arriver à un accord sur une norme valable et forte !

        En deça, dire oui au facsicule, c’est comme dire non à la constitution européennne de 2005, afin de donner plus de pouvoir aux extrémistes et en particulier au Front National.

        En ce qui concerne l’introduction d’OGM de coton en Afrique de l’Ouest, par Dagris, je pense qu’il faut voir + loin.

        Savez vous combien de litres de produits chimiques tuent ou rendent malade les populations de ces régions ?

        De plus, le coton n’est pas un denrée alimentaire, ce qui baisse grandement les risque des population d’voir leur génome modifié.

        Max Havelaar se bat en effet contre les OGM, cependant, Dagris est la clé d’accès au développement d’Afrique de l’Ouest. Max Havelaar ne peut donc pas s’en passer.

        Sachez que dans ces pays, l’heure n’est plus à la dixcution, mais aux décisions et l’utilisation d’OGM dans ces régions peut dans un premier temps constituer une solution tremplin au développement et à la puissance de Max Havelaar dans le commerce mondial. Sachez qu’aujoud’hui, dans un monde libéral comme le notre, le commerce est beaucoup plus puissant que la politique et qu le commerce équitable, dans une grande dimension, peu constituer l’une des clés majeuresde l’organisation ducommerce mondial.

        Très cordialement Yves Le Morellec

        • > AFNOR & commerce équitable

          8 novembre 2005, par Dany Minard

          Cher Monsieur

          Je vais essayer de répondre à votre intervention point par point.

          Premier point, les quelques associations auxquelles vous faites allusion non sans une certaine forme de mépris, côtoyaient en réalité dans le cadre de ces travaux un certain nombre de grandes organisations telles que des associations de consommateurs, différentes enseignes de la grande distribution ainsi que les représentants de différentes administrations. Par ailleurs, 3 années nous paraissent être effectivement un temps suffisamment long pour qu’un groupe de travail parvienne non pas à se mettre d’accord sur l’ensemble des points, mais en tous cas sur les quelques uns qui seraient de nature à clarifier certaines pratiques.

          La question centrale de notre point de vue se situait dans le domaine d’application de la norme. Nous aurions souhaité pour notre part, qu’il soit exclusivement centré sur les actes de commerce. Et c’est là ou le bât blesse, car bon nombre d’organisations présentes, grande distribution en tête mais soutenues en cela par Max Havelaar, refusent que soient examinées leurs pratiques commerciales. Tiens donc, pourquoi cela ?

          Nous souhaitions travailler sur les actes plutôt que sur une idéologie dont on peut débattre jusqu’à la nuit des temps. Pour vous 3 ans c’est court !! Pour nous, au regard des enjeux et de ceux qui réclament un peu plus de justice économique, c’est long, très long, et par ailleurs très coûteux pour ceux qui n’ont pas voulu laisser ce débat aux seules mains des tenants d’une approche civilisatrice, dont vous semblez vous faire l’écho.

          Bien qu’imparfait, le fascicule de documentation aurait permis d’examiner un certain nombre de pratiques commerciales. C’est pour cette raison qu’il a été refusé, précisément par ceux dont les pratiques sont les plus opaques. MHF a définitivement montré qu’il se rangeait aux cotés de ces acteurs par son accord avec Nestlé. Leur ambition inavouée est l’édification d’un monopole privé de certification qui leur permettra de s’exonérer du droit à la consommation. Nous sommes à mille lieues de votre « norme valable et forte »

          Votre analogie avec le traité de constitution européenne me paraît complètement farfelue, mais ce n’est pas grave. En revanche, elle est insultante pour, faut il le rappeler, plus de la moitié de nos concitoyens et c’est déjà plus grave.

          « Savez vous combien de litres de produits chimiques tuent ou rendent malade les populations de ces régions ? »

          Non et vous ?

          Sur la question des OGM, et pour ne pas la traiter hâtivement, ce que je vous reproche, je ne retiendrai qu’un point et je vous cite :

          « Dagris est la clé d’accès au développement d’Afrique de l’Ouest. Max Havelaar ne peut donc pas s’en passer. »

          A cela je vous réponds. Vous démontrez ici que vous défendez, au risque de dire d’énormes bêtises, une approche civilisatrice de cette question. Une multinationale, vestige de l’empire colonial français, représenterait l’avenir du berceau de l’humanité ? Etes vous sérieux ? L’avenir de l’Afrique, ce sont les Africains. Et ils peuvent très bien se passer de Dagris. En revanche, je vous l’accorde, MHF ne peut pas lui s’en passer. Quelle belle démonstration vous faites ici ! MHF va vous adorer !

          L’heure n’est plus à la discussion dites vous ? De cette nature non, vous avez raison. Cette idée que les travailleurs doivent être soumis aux desiderata du consommateur est une menace pour la démocratie et les libertés civiles. Nous continuerons de nous y opposer.

    • > AFNOR & commerce équitable

      17 juin 2005

      Démotivant !! Que diriez-vous cher Monsieur si je vous disais que nous vivons sur une planète où tout le monde mange à sa faim, sans guerres, sans maladies, où tout le monde il est beau il est gentil, cela vous motiverait peut-être ? Non c’est un peu gros, vous avez raison ! Attendez j’ai mieux ! Grâce à la grande et belle famille du commerce équitable nous allons tous ensemble, solidairement, changer le monde !! La motivation revient ? Bien sûre ce n’est pas si simple mais qu’importe, on baisse la tête, on se bouche une oreille (l’autre devant rester de préférence attentive à cette voix suave et mélodieuse qui tombe du haut parleur du supermarché Carrefour et vantant la quinzaine Max Havelaar du commerce équitable), et on pousse son Max-caddie qui, à vue de nez, doit bien contenir, une nouvel motopompe pour un village en Amérique du sud. Ne me remerciez pas cher Monsieur, c’est moindre des choses de s’entraider un peu quand on en a l’occasion. La solidarité ne commence-t-elle pas d’abord tout près de nous, avec son voisin.

      Jérôme

      • > AFNOR & commerce équitable

        21 juin 2005, par Emmanuel A.

        Cher Monsieur,

        Le cœur est un muscle et votre contribution en est la preuve. Le commerce équitable n’est ni un concept ni une belle famille, mais un ensemble de pratiques variées mues par des motivations radicalement opposées. L’achat d’une nouvelle motopompe pour un village en Amérique du sud doit elle légitimer l’exploitation du plus grand nombre ? Tel est le type d’interrogations auxquels nous sommes confrontés quand certains acteurs du commerce équitable (tel que Max Havelaar) encouragent la commercialisation de produits qualifiés « équitable » en grande surface, les exonérant ainsi de leur responsabilité sociale et environnementale. Ces acteurs occultent plus ou moins délibérément, l’exploitation salariale au sein de la grande distribution, les relations totalement inéquitables établies avec leurs fournisseurs ainsi que l’impact de ce type d’espace de vente peu compatible avec des engagements liés au développement durable.

        L’examen des conditions de travail de la caissière de votre grande surface est une excellente façon de réfléchir à la signification d’une certaine conception du commerce équitable que défend par Max Havelaar. Comme vous la dite en effet, la solidarité c’est d’abord « tout près de nous », ici !

        • > AFNOR & commerce équitable

          26 juin 2005

          Bonjour Emmanuel 100% d’accord avec vous. J’ai assisté à des réunions ou les pauvres "envoyés spéciaux" de Max H. envoyés sur le terrain pour rencontrer les "opérateurs locaux" du commerce équitable avaient du mal à répondre à nos questions sur les problématiques que vous soulevez dans votre texte.

          Aussi je vous invite à relire mon texte... attentivement cette fois.

          Jérôme

    • Bonjour monsieur Je suis étudiant et je suis très interessé par le commerce équitable. L’approche bio équitable dont vous parlez m’interresse fortement. Je voudrais avoir des informations sur cette démarche. Est-ce qu’elle a un label ou une certification ? Comment l’équité est testé ? Par qui ? En fait sur le fonctionnement qui prouve que ce commerce est vraiement équitable, et que d’autres structures ou organisation agricoles pourrait s’en inspirer. Je suis partant pour aider à la promotion de telles initiatives dans mon pays(Burkina Faso). Si possible j’aurais voulu échanger avec vous à ce sujet pour mieux comprendre votre démarche qui somme toute me semble vraiment originale : je voudrais des infos équitable.

      Merci de me soutenir.

  • > AFNOR & commerce équitable

    Bonjour,

    Un article publié sur le site de Novethic fait état des arguments avancés par Max Havelard sur cette question. Il y en a principalement trois : Le premier fait état de la volonté d’ imposer la présence d’au moins une organisation de commerce équitable, dont la mission première est le commerce équitable, ce qui revient, d’après le texte à reconnaître la légitimité des « pionniers » en la matière. Cet argument interroge. Il envoie à une vision très corporatiste. Par ailleurs je ne comprends pas bien ce que veut dire « une structure dont la mission première est le commerce équitable ». Le commerce équitable serait donc une sorte de spécialité ? de corps de métier ? Cela m’interroge notamment au regard de ce qui s’est passé dans le mouvement bio. Dans le mouvement des biocoop par exemple, l’enfermement du débat dans le cercle des « pairs », ou des « initiés » l’a complètement aplati. Aujourd’hui les biocoop sont très souvent des petits commerces florissants mais la majorité ont perdu leur capacité d’interpellation ou d’action citoyenne. Ne serait-il pertinent, sur cette question du commerce équitable, de faire quelques parallèles avec l’histoire du label bio ?

    Le deuxième argument avancé par Max Havelard porte sur la volonté d’inscrire dans le texte la nécessité d’un partenariat avec des producteurs ou travailleurs organisés afin d’amener les producteurs à l’autonomie. Je ne comprends pas cet argument. Je ne comprends pas pourquoi les modalités d’accès à l’autonomie devraient être définies de l’extérieur et qui plus est par une organisation commerciale qui achète les produits. Il y à là a mon sens une sorte d’injonction complètement contradictoire, un rapport infantilisant qui se construit sur le discours de l’autonomie. Par ailleurs on a l’impression de retrouver ici une des grandes aberrations de la coopération française qui cherche à exporter un modèle de développement en le considérant comme intrinsèquement bon. N’est ce pas là un vieux reste de l’utopie impérialiste ?

    Max havelard se définit également comme ayant la mission de « protéger » les producteurs face aux acheteurs. Je trouve cela très effrayant dans la mesure ou c’est la preuve que la déréglementation du marché se traduit par la délégation de questions qui sont des questions fondamentales auprès d’organisations privées et que cela semble être tout à fait naturel. Je trouve cela très inquiétant et le fait que le gouvernement français soutienne cette position l’est plus encore, notamment à la veille d’un référendum européen qui inquiète particulièrement l’électorat français sur ce sujet.

    Enfin, l’article pointe le fait que la France souhaite s’imposer comme pionnier sur la question du commerce équitable. Dans l’article, Max Havelard ne cesse de souligner le rôle des pionniers. Il est surprenant de voir que la dimension symbolique l’emporte sur le contenu et les enjeux surtout face à la complexité de certaines situations.

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    • > AFNOR & commerce équitable

      3 octobre 2005, par Yannick Vigignol

      En tant que président d’un groupe artisans du monde en Isère, je viens apporter ma pierre à ce débat où la fédération artisans du monde est montrée du doigt pour ne pas vouloir souscrire à la norme afnor. Pour un groupe comme le notre la question de la normalisation est une question de tous les jours, nos clients étant sans cesse en demande de retour d’information sur la nature excate de l’impact de leurs achats dans les pays du sud. En l’occurence la fédération artisans du monde a fourni des efforts important notamment au travers d’une étude d’impact réalisée en 2002. Il en ressort une vrai difficulté à quantifier cet impact de manière mécanique, d’autant qu’il serait effectivement nécessaire de mesurer l’ensemble de la filière jusqu’à la boutique de vente. Cette quantification est donc difficile même pour une fédération d’associations dont la principale préoccupation est de soutenir le développement des pays du sud. Alors comment imaginer - même sur la base d’une norme AFNOR que des grands groupes de distributions ou des sociétés privées dont la principale préoccupation est de maximiser leur profit puissent garantir ce type d’impact. C’est la raison pour laquelle je pense que des efforts doivent encore être fournis mais que la logique de filière intégrée gérée par des organismes de l’économie sociale et solidaire (associations, coopératives) a plus de chance de garantir le respect des critères du commerce équitables, quitte à réfléchir à une labelisation de filière plus que de produits.

      • > AFNOR & commerce équitable

        7 octobre 2005, par Eric Marchand

        Bonjour,

        La Fédération Artisan du Monde souhaite au contraire arriver à une norme AFNOR qui reconnaisse son rôle prépondérant ainsi que celui de Max Havelaar. Une norme qui impose la vision des quelques acteurs dits historiques du commerce équitable à tous les autres. Les travaux de l’AFNOR conclus au printemps montraient justement toute la difficulté à normaliser des démarches encore en devenir. Faute d’arriver à convaincre de la pertinence de leurs démarches, ils ont donc demandé et obtenu du gouvernement la censure des travaux de l’AFNOR. Mais ce n’était que la première étape. Le 13 juillet, une loi a été votée pour renforcer le pouvoir de la grande distribution sur ses fournisseurs. Au coeur de celle-ci (ce n’est pas innocent), un amendement soutenu et défendu par la fédération Artisan du Monde réduit le commerce équitable à sa seule dimension sud/nord. Une commission sera chargée des agréments des acteurs autorisés à se revendiquer du commerce équitable. Son mode de fonctionnement sera la cooptation, porte ouverte aux pires pratiques corporatistes. Enfin, le gouvernement ordonnait la reprise des travaux de l’AFNOR fin juillet avec une lettre de mission très claire. Fin décembre, le groupe de travail doit rendre une copie conforme aux seuls intérêts des "OCE historiques", au premier rang desquelles Max Havelaar. A quoi cela sert-il de débattre lorsque les conclusions sont déjà connues et encadrées par la loi ? C’est à cela que la Fédération Artisan du Monde a souscrit. Un de ses responsables défendait ce choix dans les colonnes de Politis la semaine dernière en parlant d’un premier pas. A quel prix ? La reconnaissance institutionnelle est-elle plus importante que l’examen des pratiques ? Plus importante que le débat démocratique ? Les pratiques de commerce équitable révèlent justement des enjeux de société, qui, loin de concerner les seuls intérêts d’acteurs privés fussent-ils sous statut loi 1901 et/ou issus de l’économie solidaire, concernent l’ensemble des citoyens, salariés et consommateurs. De quel droit se permet-on de décider à leur place dans des bureaux confortables alors même qu’ils montrent une soif de plus en plus grande de comprendre la complexité du monde ? Alors même qu’ici aussi, la précarité et la misère ne cessent de croître ? Ceux qui coopèrent avec les grands groupes de distribution, sont précisément ceux qui ont fait alliance, aux côtés de la fédération Artisan du Monde, avec la branche la plus libérale de l’UMP. Ils prennent le risque de se lancer dans une fuite en avant consumériste dangereuse pour la planète et ceux qui y vivent. Dans ce contexte, agir pour une filière intégrée ne revient-il pas à copier l’organisation d’oligopôles privés tels que Microsoft, Total, Carrefour ou Nestlé ? Réfléchir à un système de garantie tout au long des filières qui aille bien plus loin que la seule certification ou labellisation est justement ce qui a été refusé par les supporters de la loi votée cet été. Si, comme vous le dites, la Fédération Artisan du Monde a pour principale préoccupation de soutenir le développement des pays du sud, ce n’est à mes yeux qu’un des éléments du commerce équitable. Pour moi, il s’agit de pratiques qui visent à proposer une régulation du commerce et de l’économie pour construire un monde plus juste, où chacun pourra vivre dignement de son travail et choisir son mode de développement sans subir la domination d’un des acteurs d’une filière. Ceci quel que soit son lieu d’habitation, quelle que soit son activité professionnelle. Ce fut l’un des débats majeurs du premier salon pour un commerce équitable.

        Eric Marchand.

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