Depuis la fin des travaux de l’AFNOR (Agence Française de NORmalisation), La plate-forme du commerce équitable, la fédération Artisans du Monde et Max Havelaar France, n’ont cessé d’exercer des pressions incessantes auprès du gouvernement afin d’interdire la publication du fascicule de documentation de l’AFNOR, fruit de 3 ans de travail et de l’engagement de nombreux acteurs sur cette question.
Les représentants de ces organisations prétendent que ce document est un « texte dangereux » qui servira de base au développement d’un commerce équitable au rabais. Or le fait de déboucher au bout de 3 ans sur un fascicule de documentation signifie très clairement qu’il a été impossible de se mettre d’accord sur une norme. Laisser ce fascicule de documentation au fond d’un tiroir, c’est légitimer le lobbying au détriment du débat citoyen. Interdire la publication de ce fascicule ne permet pas aux acteurs de la société civile, y compris ceux de leur propre réseau, de se faire une opinion par eux-mêmes sur la question.
Faute d’avoir obtenu que l’ensemble des participants de la commission « AFNOR » adhérent intégralement à leur point de vue sans que soit posée la question de l’examen de leurs propres pratiques, ces trois organisations n’ont trouvé comme seule issue que de discréditer l’AFNOR et, par là même, l’ensemble des participants à ces travaux.
Il devient donc légitime de s’interroger sur le caractère « non » gouvernemental de ces organisations. Chacun aura apprécié à sa juste valeur le « chantage de la chaise vide » pour obtenir les fonds du ministère de la coopération.
" En se retirant des débats de la commission de normalisation, les trois associations souhaitent " envoyer un message au gouvernement : soyez cohérent ! " explique Victor Ferreira, directeur de Max Havelaar-France. "
Pour mémoire, c’est seulement après avoir obtenu des « assurances » du ministère de la coopération qu’elles ont décidé de participer à nouveau à ces travaux. Non contents de déconsidérer leurs membres en les privant d’un débat sur ces questions, elles montrent bien là à nouveau, tout le respect qu’elles portent aux mécanismes démocratiques et à l’engagement de chacun.
Finalement, tout cela n’est-il pas une surenchère idéologique qui ne viserait qu’à édifier un monopole de certification privé qui permettrait d’intensifier leurs partenariats avec les groupes capitalistiques de la distribution ?
Partenaire de Max Havellaar-France, citons l’entreprise DAGRIS pour l’exemple. Créée en 1949, vestige de l’empire colonial, elle encourage les acteurs économiques à intensifier leurs efforts pour disséminer les OGM dans les productions de coton en Afrique comme moyen de lutter contre la misère.
Extrait de l’article de Gilles Peltier, Président-Directeur général du groupe DAGRIS, intitulé : « Avec les OGM, réduire la fracture agricole mondiale » « Face à ces contraintes, le Groupe intensifie ses efforts dans plusieurs directions : [...]
l’amélioration de la qualité de la production et de sa valorisation par la mise au point et la diffusion d’itinéraires techniques innovants, la production et la diffusion de graines de coton délintées, la maîtrise des plans semenciers, une meilleure centralisation des données statistiques. En particulier, l’introduction progressive de variétés de coton génétiquement modifiées, dont les essais ont commencé au Burkina Faso fait l’objet d’un suivi particulièrement attentif ;
l’inscription des producteurs et des sociétés cotonnières dans une démarche du commerce équitable de la fibre du coton ; » [...]
Dès lors, on comprend mieux ces manoeuvres qui tentent d’interdire la publication d’un « fascicule de documentation de l’AFNOR » qui exclut d’une filière de commerce équitable les produits génétiquement modifiés.
Saluons tout de même au passage l’aplomb dont fait preuve Max Havelaar pour oser prétendre imposer aux producteurs de coton africains de ne pas utiliser de coton OGM, alors que de son coté il est lui même en affaires avec DAGRIS. Chapeau bas Messieurs !! Belle démonstration de cohérence.
Il n’est pas impossible que l’aile la plus libérale de l’UMP donne gain de cause à ces « champions toutes catégories » de l’altermondialisation pour interdire la publication du fascicule de documentation de l’AFNOR.
Nous invitons toutes celles et ceux qui le souhaitent à réagir dans notre forum. Permettons que ce document soit publié, permettons qu’un débat sur ces questions ait lieu.
Quatre Mâts Développement - Membre et représentant de Minga dans le cadre des travaux de l’AFNOR.
Emmanuel Antoine
Dany Minard