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Le témoignage de Patrick de Kochko

Un agriculteur bio victime de la dissémination des OGM sur son soja, déjà entendu dans plusieurs procès


J’ai 39 ans et je suis ingénieur agronome et j’ai travaillé jusqu’en 1995 pour des pays en voie de développement d’Afrique et d’Asie à travers diverses institutions notamment le CIRAD (je connais assez bien les dessous de la recherche agronomique soit disant pour le développement) et la commission Européenne. Persuadé après ces années que la seule chose à faire pour aider les paysans de ces pays était de les laisser tranquille et de participer à la mise en place d’une agriculture propre et non exportatrice au rabais, j’ai décidé de m’installer agriculteur en bio dans le sud-ouest de la France en 1995. J’ai donc commencé à produire des céréales bio en collaborant avec un autre néo-agriculteur qui lui s’est installé en élevage. Je transforme une partie de mes produits (blé, épeautre, seigle, kamut) en farine. Je produisais du soja en assez grande quantité au début puis j’ai arrêté cette année suite aux problèmes d’OGM que j’ai eu, dont voici le résumé.

Mon premier soja bio produit en 1996 a été vendu à un petit organisme stockeur du Gers qui en a revendu une partie à un client allemand transformateur(Tofu) presque un an après. Ce client a été accusé fin 97 par le service des fraudes allemandes d’utiliser du soja OGM (résistant RoundUp) suite a une analyse révélant des traces de ce gène. Il s’est retourné contre son fournisseur du Gers qui était lui-même certain que ce soja était le mien. Grosse campagne de dénigrement en Allemagne sur le soja bio Français, nombreuses démarches pour essayer de comprendre d’où venait la contamination (infime(0.1%) mais confirmée par des analyses d’Ecocert sur au moins un échantillon), plainte contre X au tribunal d’Auch. Cette dernière plainte (avril 98), nous a permis d’avoir accès a certains résultats des fraudes françaises qui ont mis en évidence des traces de cet OGM un peu partout et même dans la filière bio et notamment dans les semences traditionnelles certifiées vendues par la Coopérative Biologique et produites par la société ASGROW faisant partie du groupe Monsanto. Depuis la justice française n’a rien fait et c’est pourquoi j’ai décidé de me joindre à 4 agriculteurs américains pour porter plaint contre Monsanto aux  Etats-Unis en Décembre 1999. J’ai été à Washington en Novembre 2000 pour faire ma déposition face aux 3 avocats de Monsanto et toute leur armada médiatique. Monsanto a produit plus de 300 témoins face à nous 5 qui doivent être également entendus par nos avocats avant le procès. Autant dire que cela risque de durer encore un peu…

Ceci est la teneur de mon témoignage dans déjà 3 procès à des faucheurs d’OGM qui effectuent des actes citoyens afin d’éviter des contaminations qui mettent en danger les agriculteurs engagés dans des filières de qualité (je ne fais plus de soja mais demain le blé OGM sera la et je serai obligé d’arrêter l’agriculture) et qui réveille le citoyen et interpelle la justice sur son travail à 2 vitesses : nous avons porté plainte en avril 98, les responsables sont connus et toujours aucune réponse pendant que la dissémination continue alors qu’à ce jour le soja OGM est toujours interdit en France.

 

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