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ATTAC 26/07 dans la tourmente d’un procès OGM !
par Eric Marchand, d'Attac26/07


Un procès OGM de plus ? Répétition d’une scène déjà jouée ? Pas Vraiment. Par définition, tout procès est unique. Quelles que soient les statistiques ou les pronostics, rien n’est jamais garanti d’avance. Mais plusieurs faits font du procès de Valence un cas à part, jamais rencontré auparavant, d'autant plus après l’incident d’audience du 26 octobre pendant laquelle nos avocats ont pu éviter de justesse la catastrophe.
Explications : En juillet, l’AFSSA nous apprend que 41% des lots de maïs traditionnels contiennent des traces d’OGM. L’opposition aux cultures d’OGM en plein air doit sortir du strict cadre syndical et corporatiste pour prendre une dimension citoyenne. ATTAC répond à l’appel de la confédération paysanne.
Le 26 août plusieurs de nos adhérents et sympathisants le comprennent et participent à une opération de fauchage de maïs transgénique sur deux parcelles aux côtés de la conf’26, des verts et d’agribiodrôme ; des représentants d’ATTAC national munis de dra-peaux représentant notre logo les rejoignent. De fait, aux yeux des médias, aux yeux du grand public, cette opération a été co-organisée par la confédération paysanne, ATTAC, les verts et Agribiodrôme. De fait, une majorité des 200 participants n’était pas des agriculteurs syndiqués. Pour la première fois, il y a de fait co-responsabilité y compris pour les suites judiciaires encourues. Un seuil est franchi.
Vendredi 5 octobre, Eric Leblanc (membre du CA d’attac 26/07) est réveillé par un huissier : il est convoqué le 26 octobre au TGI de Montélimar. Pour dire vrai, nous sommes pris de court. Nous ne savons pas trop comment réagir ; dans un premier temps, notre CA a du mal à prendre la mesure des enjeux. De plus, il s’avère impossible de contacter les avocats de la conf’26. Leur avocate nationale, spécialiste des OGM, est débordée : plusieurs départements sont concernés ; elle doit plaider le 25 octobre à Auch. La conf’26 ne nous propose de rencontrer leur avocat local que le 17 octobre ; leur avocat national ne pré-voit pas de venir le 26 octobre. Personne ne semble prévoir de demander le dossier pénal car il ne se passera rien le 26 octobre. Il s’agit juste de dé-terminer la date du procès. En dépit de l’expérience de leur syndicat en la matière au niveau national, nous percevons, à tort ou à raison, des hésitations, voire des contradictions et des problèmes internes au niveau local : nous nous retrouvons donc devant une situation totalement inédite et particulière à la Drôme :
Le parquet (représentant l’intérêt public) ne prend pas l’initiative des pour-suites ; c’est la première fois. Mais Biogemma, appartenant au groupe Limagrain (4 ème semencier mondial, dirigé par des proches de la FNSEA), se constitue partie civile et cite directe-ment à comparaître 10 personnes physiques dont seulement 4 sont syndiquées. 2 sont des adhérents d’ATTAC26/07 ; les autres sont de “ simples ” sympathisants. - Cette manière de procéder dispense d’instruction. Aucune phase préliminaire. Le président du tribunal peut décider de statuer sans autres pièces que les accusations portées par Biogemma et le rapport d’enquête de “ flagrant délit ” de la gendarmerie. - Nos adhérents concernés risquent jus-qu’à 5 ans de prison et 26 MF de dédommagement. Des circonstances aggravantes sont retenues au titre de l’article 322.3 pour action délictueuse collective. Aucune amnistie ne peut effacer une condamnation à payer des dommages et intérêts. Des vies entières peuvent en être bouleversées. - Il y a un véritable télescopage avec les élections agricoles drômoises qui se sont déroulées le 24 octobre. Eric Leblanc décide de prendre Brigitte Plaza pour avocate. Le groupe de Valence puis notre CA décide de soutenir sa décision : Conf’26 et attac 26/07, même combat. Les analyses, les revendications sont les mêmes. Par contre les motivations et la nature des engagements des adhérents respectifs ne sont pas identiques, pas contradictoires pour autant. D’un côté nous avons des syndiqués rodés depuis de longues années qui défendent leurs emplois, leur survie économique, leurs choix de vie étroite-ment liés à leurs choix professionnels. De l’autre, nous avons des adhérents sou-vent néophytes aux profils multiples, aux contraintes variées. L’objet social d’attac 26/07 est d’inviter monsieur tout le monde a rejoindre notre mouvement, à participer activement à nos luttes. “ Pour prendre tous les risques, il ne faut plus rien avoir à perdre ”. Il n’y a là aucun jugement de valeur mais, c’est bien plus souvent le cas de la confédération paysanne que celui des adhérents/ sympathisants d’attac. Nous nous devons de montrer une solidarité sans faille avec tous les accusés en mettant au rang de nos priorités les conséquences personnelles pour conserver une crédibilité en phase avec nos ambitions. Comment sinon convaincre les foules de nous rejoindre à l’avenir sur des combats qui promettent d’être de plus en plus durs ?
Nous devons et voulons unir nos forces et faire preuve de cohésion avec la conf’26. ATTAC 26/07 décide donc de construire un rapport de confiance, de gérer avec eux d’égal à égal pour faire valoir nos intérêts respectifs. Ce qui signi-fie avoir un avis juridique propre pour apporter notre contribution. Avoir des avocats multiples ne signifie pas avoir plusieurs lignes de défense contradictoires, mais au contraire multiplier nos sour-ces d’informations et de compétences ; clarifier nos positions respectives donc à terme mieux nous comprendre, mieux coopérer entre “ adultes ” ; à ATTAC 26/ 07 de ne pas se reposer sur la confédération, à celle-ci de ne pas s’enfermer dans “ la routine ” ; de renouveler l’argumentaire de plaidoirie, de le réexaminer avec un regard neuf et critique, donc d’apporter une richesse supplémentaire. Brigitte Plaza est capable de mener la bataille sur deux fronts en même temps : une guerre procédurale pour défendre les intérêts des individus, une défense politique et médiatique pour défendre nos idées sur le fond.Elle travaillera en étroite coopération avec les avocats des partenaires d’attac ; leur association vient de se révéler particulièrement efficace pour contrer un comportement étrange du président du tribunal : avant même l’ouverture des débats, ses propos pré-sentaient les 10 personnes convoquées comme coupables d’un délit de droit commun à l’image de vulgaires délinquants ; il refusait par avance d’entendre nos témoins.
Le procès a finalement été reporté au 15 janvier à l’issue d’une rude bataille. A la sortie du tribunal, nos avocats nous ont prévenu : le procès sera difficile ; nous partons avec de nombreux handicaps. Il va falloir batailler ferme et organiser une solidarité et une mobilisation d’ampleur nationale. Rien n’est perdu pour autant. Au contraire : plusieurs hypothèses de travail permettent d’espérer renouveler le débat, apporter de nouveaux argument, un nouvel éclairage et renverser la situation en notre faveur ; de surprendre l’adversaire. Pour y parvenir, nous avons mis en place une équipe de travail au sein d’ATTAC 26/ 07. Elle est composé, outre les “ accusés ”, de Jean-Yves Barbier, Eliane Césarin-Mayoussier, Eric Marchand, Valérie Peyret, Véronique Schlotter et Rémy Thouly. Nos “ spécialistes ” OGM y sont bien sûr étroitement associés. Mais cela ne suffira pas. ATTAC 26/07 va de-voir faire preuve d’efficacité et de solidarité financière. Nous devons rassembler 30000 F au moyen d’une collecte interne pour assurer les frais de défenses.