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Le procès vu par un accusé
Eric Leblanc (Attac2607)
Mes premières remarques sur ce procès

Côté témoins :
Trop de témoins n'ont finalement eu pour résultat que d'agacer le Président du Tribunal, déjà peu acquis à notre cause.
On pouvait se passer de Guy Kassler, son témoignage sur la bio était redondant avec celui de Patrick de Kochko beaucoup plus pertinent, du fait de son préjudice subit,suite à une contamination de son soja par un ogm Monsanto. Christian Boisgontier, porte-parole de la Conf' aux antipodes d'un José Bové, pas assez mordant pour l'occasion, Mr Perignac, ancien technicien agricole à la chambre d'agriculture de la
Drôme abordait les méfaits du productivisme sur le département mais le lien avec les ogm était moins évident du fait de ses connaissances limitées sur le sujet. François Dufour s'est fait renvoyer dans les cordes au bout d'une ou deux minutes, en ayant seulement parlé d'Attac et non de sa propre expérience dans l'agriculture productiviste, pour en être revenu, aujourd'hui, au profit d'une agriculture durable et paysanne. Il n'a pu aborder les alternatives aux OGM comme cela était prévu. Les avocats ont oublié de lui poser la question, dommage. Mme Blas, la maire de Beaumont-en-Diois manquait d'information sur la procédure administrative concernant les arrêtés et délibérations "anti-ogm". Elle aurait pu se faire la porte-parole des autres maires de la Drôme et d'autres départements ayant prit un arrêté "anti-ogm" sur leur commune.
Ceci dit les témoignages d'Albert Jacquard, Jean Pierre Berlan, Michel Tibon-Cornillot, Jean Michel Panof, et Patrick de Kochko étaient vraiment précieux.
Jacquard témoignant sur les problématiques éthique et philosophique des ogm comme étant contre nature. Berlan abordant l'aspect économique et la mystification autour des ogm. Tibon-Cornillot évoquant la récente perméabilité entre l'espace social et l'espace clos du secteur des sciences, autrefois bien distincts. Dénonçant aujourd'hui la subordination de l'espace social à cet "espace clos" devenu ouvert et omniprésent. Panof, clarifiant la notion de stérilité, loin d'être un état stable chez les êtres vivants, contrairement à ce qu'affirme Biogemma pour son maïs, et rappelant que nous ne connaissons actuellement que 1% des micro-organismes présents dans le sol et que pour cette raison, en partie,  on devrait interdire les essais en plein champ, compte tenu des risques inconnus en matières de réactions sur les 99% de micro-organismes restant. De Kochko, victime d'une contamination de sa récolte de soja bio par un ogm Monsanto, racontant son rapprochement auprès d'agriculteurs américains, ayant subit les mêmes conséquences, pour porter l'affaire devant les tribunaux de Washington et réclamer, pour le coup, des comptes à Monsanto.
Côté Biogemma :
Biogemma s'est retranché derrières les avis favorables de la Commission du Génie Génétique, de la Commission du Génie Biomoléculaire et  les directives européennes.
On soulignera leur méprise envers le monde paysan, contradictoire avec le fait qu'il revendique un actionnariat issu du monde agricole, mais cela montre bien la scission de celui-ci en une agriculture productiviste promue par la FNSEA, d'une part, et le projet d'agriculture paysanne et durable de la Confédération Paysanne,d'autre part. (pour caricaturer, car tous les paysans ne se reconnaissent pas forcément dans ce schéma duale)
Reléguant nos rencontres, échanges et débats citoyens au rang de "Foires et de Kermesses", lieux d'une désinformation totale auprès du public, sans compter notre "battage médiatique" contre les OGM, à grand renfort de chercheurs de "seconde zone", minoritaires dans leur domaine! Sans oublier que nos actions rappellent les bonnes vieilles méthodes fascistes!
Au sujet des tracts et autre communiqué d'Attac, leur avocate demandait à ce qu'on lui explique comment un pays pauvre pratiquant une agriculture d'exportation pouvait s'enfoncer encore plus dans la pauvreté! Chiche, on leurs envoi une explication ! Ou mieux il faudrait la faire en public le 8 février sur les marches du palais!
Comment une minorité telle que la notre aurait droit de citer sur le débat
des ogm! Eh oui avec dans les derniers sondages quelque chose comme 60 à 70% de français refusant les ogm dans leur assiette on sent bien qu'on est dans la minorité!
Côté avocats des 10 :
Nos trois avocats se sont parfaitement bien complétés dans leur plaidoirie respective.
Philippe Tatiguian, avocat au barreau de Valence, nous a régalé d'un exercice d'orateur particulièrement piquant pour la partie adverse. N'hésitant pas à les ridiculiser : "Mais si votre maïs coûte si cher, allez donc le cultiver dans des coffres-forts !". Rappelant les affaires du sang contaminé, de la "vache folle" accompagné du ras-le-bol des citoyens, réduits à constater les conséquences dramatiques de politiques irresponsables qui font supporter à la collectivité, entre autres, les bévues du monde agro-industriel.
Brigitte Plaza, avocate au barreau de Paris, nous a dévoilé le montage alambiqué des dossiers concernant la parcelle d'essai. Dans un style plus fouillé elle démontrait ce montage qui part de Biogemma, en passant par Limagrain et d'autres sociétés liées aux semences utilisées pour l'essai. Au final, on découvre, entre autre, que l'agriculteur propriétaire de la parcelle, Mr René Clot, ne savait même pas qu'il avait du maïs transgénique sur sa parcelle! (il le dit lui même dans sa déclaration à la Gendarmerie)
Marie-Christine Etelin, avocate au barreau de Toulouse, a, elle, plaidé la cause de l'agriculture paysanne. Dénonçant les absurdités de l'agriculture productiviste promue par la FNSEA en collaboration étroite avec les différents gouvernements depuis 50 ans. Elle n'hésita pas à dire au président "Ces gens qui ont pris le risque de coupé du maïs transgénique, l'histoire leurs donnera raison!"

Eric Leblanc

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